Rencontre avec Diana Margheritis, une experte européenne en protection planétaire au top !

Grâce à cette expertise, nous évitons de contaminer d’autres planètes de notre système solaire avec des microorganismes terrestres. A l’inverse, nous évitons que l’introduction de matiè°ù±ð extraterrestre vienne contaminer notre Planète. Mon métier consiste aussi à analyser les futurs échantillons, provenant d’autres planètes, de Mars en particulier.
Space Q&A : Pouvez-vous nous parler de la Protection Planétaire du Système Solaire externe (PPOSS) ?
D.M. : Il s’agit d’une initiative de la Commission Européenne dans le cadre des programmes Horizon 2020 (H2020). Elle se concentre en particulier sur les lunes glacées des planètes du système solaire externe (par exemple, Europa, Enceladus, Ganymède, Titan) et aborde aussi les aspects scientifiques, technologiques et politiques appropriés. Au cours des 50 derniè°ù±ðs années, les recherches de la NASA ont abouti à la découverte d’eau glacée éparpillée à travers le système solaire. Ceci permet d’envisager l’existence de grands réservoirs d’eau dissimulés sous les coques gelées de corps à l’état de glace, situés dans le système solaire périphérique. Ces présumés océans sous-marins pourraient constituer un environnement pour la chimie pré-biotique ainsi qu’un habitat pour une vie indigène. La contamination possible de ces habitats devient une problématique cruciale. Il y a actuellement 6 missions d’exploration spatiale à destination du système solaire périphérique. Les agences spatiales en prévoient d’autres en vue d’explorer par exemple certaines astéroïdes ainsi que le système Jupitérien. L’exploration spatiale est le fruit des efforts de plusieurs nations. La protection des Planètes devient un enjeu de premiè°ù±ð importance qui devrait être discuté à échelon international.
L’un des objectifs principaux du projet est de réaliser un guide international sur la protection des planètes, qui reliera les communautés concernées, identifiera les défis scientifiques et les technologies appropriées pour pouvoir les relever. La finalité consiste à proposer une feuille de route industrielle européenne pour les 15-20 ans à venir. Thales Alenia Space Italia est l’unique représentant industriel européen du projet.
Space Q&A : sur ExoMars 2016, vous avez travaillé dans un environnement international avec différents partenaires, des états membres de l’ESA, des industriels. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

D.M. Evoluer dans un environnement pluriculturel et international permet d’impulser de nouvelles idées, de trouver de nouvelles approches de travail. C’est une expérience extraordinaire qui m’a beaucoup appris en matiè°ù±ð d’adaptabilité et enrichie humainement. Je suis devenue le garant de Thales Alenia Space en matiè°ù±ð de Protection Planétaire. J’ai été très intéressée à l’idée de donner des cours et des conférences sur le programme ExoMars, aussi bien en Italie qu’à l’étranger. Les étudiants me posaient en permanence de nouvelles questions. Du coup, en terme d’émulation, c’était très formateur pour moi car je devais toujours me tenir à la page des nouvelles technologies et des derniers développements. J’ai été sincè°ù±ðment très heureuse de partager mon humble connaissance en matiè°ù±ð de protection planétaire à l’ensemble des communautés que j’ai pu rencontrer.
Space Q&A : Quels sont vos prochains challenges ?

D.M. Mon prochain défi consistera à m’inspirer de ce qui a été réalisé sur la 1è°ù±ð mission ExoMars pour pouvoir mettre en Å“uvre le dispositif de protection planétaire pour la mission ExoMars 2020, en accord avec les spécifications de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). La prévention de la contamination microbiologique concerne naturellement aussi bien la future plateforme d’atterrissage que le rover.
Space Q&A : Qu’est-ce que ça vous fait aujourd’hui de savoir qu’ExoMars orbite autour de Mars ?

D.M Quand je pense à l’Orbiteur Traceur de Gaz (TGO) qui, comme son nom l’indique, orbite autour de Mars, je ressens de la joie bien sûr, mais je suis surtout impressionnée à l’idée que la sonde interplanétaire, sur laquelle nous avons tellement travaillé, que j’ai touché de mes propres mains (avec des gants – rires), soit en excellente santé ! Elle transmettra un nombre incalculable d’informations qui permettra d’alimenter la recherche scientifique pour de nombreuses années. Pendant la préparation de la mission ExoMars 2016, nous avons récolté près de 3200 échantillons micro-biologiques. Je tenais à effectuer moi-même le dernier prélèvement sur le TGO, lorsque ce dernier était installé sur l’étage supérieur de la fusée Proton, sur la base de lancement de Baikonour. C’est un souvenir qui me tient particuliè°ù±ðment à cÅ“ur et un programme auquel je suis très attachée.
Space Q&A : Quels conseils donneriez-vous aux nouvelles générations de femmes qui s’intéressent aux filiè°ù±ðs scientifiques ?
D.M. Je leur conseillerais d’aller au bout de leurs envies professionnelles en se donnant les moyens d’y parvenir. A partir du moment où l’on aime vraiment ce que l’on fait, tout le reste suit !
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